Soutenance de thèse : Construire la ville en terre

Emmanuel Mille, architecte du patrimoine, a soutenu le 30 juin 2023 à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble sa thèse de doctorat consacrée à l’usage du pisé de terre crue dans le périmètre de la Métropole de Lyon : “Construire la ville en terre : le pisé, matériau essentiel de l’extension urbaine de Lyon (15e-19e siècles)“.

 

Grande rue de Vaise, Lyon 9 – Photo © Franck Trabouillet, 2019. Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel.

Le service Inventaire et Patrimoine Culturel a accompagné ses recherches dans le cadre d’un partenariat scientifique avec le laboratoire de recherches CRA-terre/ENSAG. Cette collaboration s’était traduite, dès 2016, par l’organisation d’une campagne d’inventaire participatif du pisé lyonnais¹ ; puis en 2019 par l’étude conjointe du lotissement en pisé construit à Vaise par l’architecte François Cointeraux en 1782².

Les édifices en pisé repérés par les chercheurs de l’Inventaire dans le cadre des opérations d’urgence ou de l’inventaire topographique de la Ville de Lyon ont été versés dans la base de données et intégrés au système d’informations géographiques constituant le corpus d’étude de cette thèse. Complété par de multiples autres sources d’informations et repérages inédits, le corpus total révèle 750 édifices contenant du pisé de terre situés sur le territoire de la Métropole lyonnaise, dont 365 sur la commune de Lyon, y compris dans l’emprise du site inscrit au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ainsi, cette thèse en architecture renouvelle les connaissances historiques sur l’emploi à Lyon du pisé de terre crue, que l’on pensait disparu du paysage urbain lyonnais après les grandes inondations du milieu du 19e siècle. Elle met en lumière l’importance de ce matériau dans l’histoire urbaine de la ville, depuis le Moyen Âge jusqu’au début des années 1900.

Le corpus constitué comprend des édifices situés dans les anciens faubourgs ainsi que dans de vastes quartiers urbanisés au 19^e siècle. Les observations croisées, favorisées par la diversité des outils d’analyse utilisés, permettent d’affirmer que le pisé de terre a joué un rôle essentiel lors des expansions urbaines successives de la ville, malgré les diverses réglementations qui ont été mises en place afin d’encadrer son utilisation.

Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas uniquement de bâti rural qui serait aujourd’hui englobé dans la ville ou de modestes édifices urbains qui auraient été construits avec une part d’autoconstruction. Le corpus présente en effet de nombreux bâtiments importants (châteaux, maisons bourgeoises, hôpitaux, etc.) ainsi que des immeubles collectifs de très grande hauteur (jusqu’à six niveaux) qui font de Lyon une des villes où les édifices en pisé sont les plus hauts au monde. Enfin, ce corpus illustre une maîtrise remarquable de cette technique de construction et traduit le rôle fondamental de ce matériau économique dans l’urbanisation de Lyon.

Cette thèse incite donc à porter un nouveau regard sur l’histoire constructive et urbaine de la ville et ses implications patrimoniales. Plus largement, dans le contexte actuel de crise écologique, elle porte une dimension prospective sur le potentiel des architectures de terre en milieu urbain, tant dans les pratiques de réhabilitation que dans les chantiers de mise en œuvre contemporaine.

 

Pour télécharger la thèse (4 volumes et corpus d’étude) : 

theses.hal.science/tel-04240736

Pour visionner la soutenance de thèse :

(32) Soutenance de thèse – Emmanuel Mille – 30/06/2023 – YouTube

 

 

 

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Notes

1. Lancement de l’inventaire participatif du patrimoine en pisé à Lyon. Les Carnets de l’Inventaire, 29 avril 2016. [↩]
2. Dossier d’inventaire : Ensemble à cour commune, dit “Maisons Cointeraux” – Inventaire Général du Patrimoine Culturel (auvergnerhonealpes.fr). DELAVENNE, Magali et MILLE, Emmanuel. “L’ensemble de logements et de commerces construit par François Cointeraux dans le faubourg lyonnais de Vaise en 1782 : manifeste et « fatale entreprise » (France, XVIIIe siècle)”. In Architecture et construction en terre crue : approches historiques, sociologiques et économiques. Actes des échanges transdisciplinaires sur la construction en terre crue, vol. 5. Montpellier, 23-24 cot. 2019. Montpellier : éd. de l’Espérau, 2022, p. 241-262. [↩]

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