Les oeuvres du 1% artistique dans les lycées d’Ardèche

Le 1% artistique¹ est une procédure spécifique de commande à des artistes vivants d’œuvres destinées à la décoration des édifices publics, en consacrant, à l’occasion de travaux de construction, réhabilitation ou extension d’un bâtiment 1% de leur coût à la commande ou à l’acquisition d’une ou de plusieurs œuvres d’art. Entrée en vigueur en 1951, cette mesure de soutien à la création a été initiée à la fin des années 1930 par Jean Zay, ministre de l’Éducation et des Beaux-Arts du Front populaire. Ayant pour ambition de mettre en place une éducation culturelle dans le cadre scolaire, elle a dans un premier temps été mise en œuvre dans les établissements relevant de l’Education nationale (écoles, collèges, lycées), avant d’être étendue à tout type de bâtiment public.

Les objectifs du 1% artistique sont à la fois d’ordre artistique, visant à intégrer l’art contemporain à l’architecture et ses abords, et pédagogique : en mettant l’œuvre au contact des usagers de ces bâtiments, il ambitionne de les sensibiliser à l’art et à développer leur sensibilité esthétique. Il offre par ailleurs aux artistes les moyens d’une certaine reconnaissance et l’opportunité de vivre de leurs créations.

En Ardèche, les commandes d’œuvres du 1% artistique ont obéi au rythme des constructions scolaires : important de la fin des années 1950 à celle des années 1960 (dix entre 1958 et 1969), il se ralentit dans les années 1970-1980 (sept entre 1972 et 1986) pour décroître nettement à partir des années 1990 (quatre entre 1992 et 2015).  L’Ardèche ne semble ainsi pas avoir bénéficié de l’effet-rebond impulsé par le ministère de la Culture en 1983 avec la création du fonds de la commande publique, lequel a permis de faire remonter significativement le nombre des commandes aux artistes.

Au nombre de 21 et réalisées par 18 artistes (six femmes, douze hommes), les œuvres se répartissent dans onze des douze lycées ardéchois, implantés sur huit communes ; onze d’entre elles sont figuratives, les autres s’inscrivant dans différents courants artistiques ou formes d’expression des 20e et 21e siècle : abstraction, art concret, design… La sculpture y tient une place prépondérante avec douze réalisations, suivie par la peinture, l’art céramique (panneaux muraux, mosaïque), les installations (intérieures, dialoguant avec l’architecture, extérieures, dialoguant avec environnement et paysage) et les arts graphiques (estampes, dessin) ; la photographie, présente dans les lycées d’autres départements aurhalpins, ne fait pas partie du nombre.

Un certain nombre de ces œuvres ont été commandées pour des établissements qui étaient à l’origine des collèges (à Aubenas, Annonay, Largentière, Tournon-sur-Rhône), souvent d’enseignement technique, établissements secondaires les plus nombreux à être construits en raison de l’explosion de la démographie scolaire après-guerre², et par la suite devenus lycées d’enseignement professionnel ou polyvalents.

Le choix des artistes relevait initialement d’une concertation entre le maître d’ouvrage (le plus souvent les communes) et l’architecte en charge du programme de construction mais devait recevoir l’agrément d’une commission nationale, la Commission consultative des achats et des commandes³. Le projet artistique nécessitait qu’architecte et artiste conduisent une réflexion commune afin que l’œuvre s’intègre au mieux dans le cadre de vie scolaire, au service du bien-être social⁴. La démarche s’inscrit dans le contexte plus large d’une réflexion sur la synthèse des arts, engagée dès la deuxième moitié du 19^e siècle et revenant sporadiquement au premier plan dans le champ des théories esthétiques, mais qui prend une acuité nouvelle après-guerre, alors que la Reconstruction laisse entrevoir un champ d’application à grande échelle. Avec le 1% artistique, l’incorporation de l’art à l‘architecture s’impose en effet comme un élément central de la mise en œuvre de ce discours dans le champ de la pratique : les œuvres, pensées comme éléments décoratifs, doivent s’intégrer à l’esprit général du cadre architectural jusqu’à faire partie de la vie quotidienne des usagers, tout en restant des œuvres de création⁵.

Depuis la loi de décentralisation de 1986 qui a conféré aux Régions la responsabilité d’assurer la construction, l’équipement, l’entretien et le fonctionnement des lycées, les commandes passées au titre du 1% artistique relèvent également de leur compétence. Les procédures ont été modifiées : les artistes, français ou internationaux, répondent désormais à un appel d’offres à l’issue duquel trois d’entre eux sont sélectionnés par une commission composée d’élus régionaux, d’experts, de représentants des usagers du lycée, de l’architecte et d’autres personnalités. Ces artistes établissent alors chacun une proposition, examinée par cette commission, qui désigne un lauréat dont l’œuvre sera réalisée ou acquise pour le lycée. La collaboration entre artistes et architectes est demeurée au fil du temps un élément décisif pour la réussite du projet et la bonne intégration de l’œuvre dans un environnement avec lequel elle entre en résonance. Dans les premières années, il a surtout été fait appel à des artistes à la réputation déjà établie, exerçant depuis l’Entre-deux-guerres, de formation académique et de tradition classique le plus souvent, et ne résidant pas sur le territoire régional. Sans être prédominante, la part des artistes “ locaux ” (installés en Ardèche ou dans les départements limitrophes⁶ ) dans les commandes s’est affirmée au fil du temps, tout comme celle aux artistes émergents, jeunes créateurs retenus pour leurs propositions novatrices. Les côtoient quelques artistes d’origine étrangère venus en France après-guerre pour y étudier ou s’y installer⁷.

La commande

Bien que les sources soient parfois lacunaires concernant certaines des commandes, celles conservées dans les fonds des Archives nationales permettent d’éclairer les processus de conception et de réalisation des 1% artistiques ardéchois dans les premiers temps de la mise en œuvre du dispositif, avant la décentralisation. Ils sont ici présentés à travers les exemples des actuels lycées Vincent d’Indy (Privas), Marcel-Gimond et Astier (Aubenas)⁸.

Le décor du lycée Vincent d’Indy (1961-1967)

Dès l’avant-projet du nouveau lycée municipal mixte de Privas, établi en janvier 1961 et approuvé en 1962, l’architecte Roger Ringuez sollicite le sculpteur André Deluol et le peintre-céramiste Maurice Savin pour en réaliser la décoration dans le cadre du 1% artistique⁹ ; l’implantation des quatre sculptures projetées figure d’ailleurs sur le plan masse soumis à l’approbation du Ministère de l’Éducation nationale. Savin doit quant à lui réaliser quatre grands panneaux en faïence stannifère colorée sur le thème des saisons pour les foyers de l’internat du lycée (ill. 5). Dans une lettre à Roger Ringuez datée du 10 novembre 1964, Deluol s’enquiert du devenir de son projet de céramique¹⁰ : avait-il été engagé, ne serait-ce que verbalement, à fournir lui aussi un projet pour les foyers de l’internat, ou envisageait-il que l’un des reliefs qui lui avaient été commandés soit réalisé dans ce matériau ? Quoi qu’il en soit, les dossiers des deux artistes sont examinés en commission nationale les 1^er février et 24 septembre 1965 et les arrêtés d’agréments pris les 2 mars, 12 octobre 1965 et 4 janvier 1967¹¹ et les œuvres mises en place au plus tard en 1968.

Le décor du lycée Marcel-Gimond 

L’avant-projet de décoration pour le lycée municipal de jeunes filles d’Aubenas, actuel lycée Marcel-Gimond, est examiné par le Conseil général des bâtiments de France le 2 octobre 1962. Lors de cette séance, Robert Bancilhon, architecte et maître d’oeuvre, soumet trois projets : une sculpture pour la cour d’entrée, une composition en céramique et béton destinée à la façade sud du bâtiment de l’administration et une composition en mosaïque pour le mur de soutènement de la cour haute de l’externat, côté gymnase. L’avant-projet est approuvé, pour un montant total de 8 796 000 frs¹². C’est deux ans plus tard, en juillet 1964, que sont sélectionnés les artistes André Auclair et Robert Fachard, le premier pour un revêtement mural sur le thème des quatre éléments, le second pour une sculpture (ill. 6). Ces œuvres sont installées en 1967. L’année suivante, la troisième œuvre prévue, une mosaïque réalisée par Jean Saussac sur le thème des saisons (ill. 9), vient compléter le dispositif. Cette réalisation tardive par rapport aux deux premières s’explique par le jugement peu favorable porté par la commission nationale sur le projet initial de Saussac, présenté en même temps que les deux autres lors de la séance du 6 juillet 1964 : « la composition [est] mauvaise, les couleurs vulgaires et mal assorties », estimant que l’artiste est capable de faire mieux. Il lui est demandé d’étudier une maquette entièrement différente dans le sens des indications déjà fournies par l’architecte. Lors des séances du 22 février puis du 7 mai 1965, les nouvelles maquettes présentées reçoivent le même verdict. L’arrêté d’agrément n’en est pas moins finalement pris sur la base de la dernière proposition de l’artiste, le 21 octobre 1965¹³. 

Le décor du lycée Astier

L’actuel lycée Astier est l’héritier de l’école primaire supérieure de garçons d’Aubenas et du centre d’apprentissage ouvert au lendemain de la guerre de 1939-1945, installés dans des locaux différents avant d’être réunis sur le même site. A la suppression des écoles primaires supérieures en 1941, la première devient collège municipal lequel, nationalisé en 1953, prend le nom de collège national technique et moderne de garçons. En 1956, le centre d’apprentissage lui est annexé ; les deux sont regroupés en 1965 sous la dénomination de cité technique Astier, installée au faubourg Camille Laprade. A cette date, un état des lieux décrit les bâtiments comme vétustes, voire dégradés, et nécessitant de nombreuses réparations¹⁴. Des travaux (non documentés) sont probablement réalisés puisqu’on garde trace de la commande d’un 1% artistique au sculpteur Robert Fachard le 16 novembre 1966. Il s’agissait d’une sculpture en laiton de grande dimension et de forme abstraite, achevée en 1967. Cette sculpture semble avoir été détruite après le transfert de la cité technique dans ses nouveaux locaux.

C’est en effet en 1978 que l’établissement s’installe dans les bâtiments construits par l’architecte albenassien Robert Bancilhon dans le quartier Roqua, situé en contrebas du centre ville et à proximité de l’Ardèche. Pour le décor de cette nouvelle construction, plusieurs œuvres sont envisagées et présentées par l’architecte René Poirier à la commission nationale en séance du 8 juin 1977. Sont examinés les projets de Jean Saussac, Jean Husser, Hélène Baissade et Roger-Claude Marion. La commission donne son aval à l’installation paysagère de Jean Husser mais demande une nouvelle étude à Jean Saussac pour son projet de revêtement mural en mosaïque et refuse les projets d’Hélène Baissade et Roger-Claude Marion. Elle propose en outre de regrouper les crédits affectés à ces projets refusés afin de les employer à « la réalisation d’une œuvre sculptée importante et de qualité qui serait confiée à un autre artiste ». Le 24 janvier 1979, la commission à nouveau réunie valide la proposition de la sculptrice grecque Aglaé Libéraki (ill. 7), qu’avait sollicitée René Poirier pour remplacer celles des candidats non retenus, ainsi que le projet de mosaïque remanié de Jean Saussac¹⁵.

Indépendamment de la collaboration entre le maître d’œuvre et l’artiste, on constate à travers ces trois exemples que le rapporteur des projets à la commission nationale (ici l’architecte René Poirier) joue un rôle non négligeable dans le choix des artistes, ainsi que les membres de cette même commission dans les orientations esthétiques des œuvres commandées au titre du 1% artistique.

Les œuvres en contexte

La sculpture réalisée pour le collège d’enseignement technique de Tournon-sur-Rhône (construit entre 1951 et 1956, actuel lycée Marius-Bouvier), par Alain Métayer, élève de Marcel Gimond à l’Ecole des beaux-arts de Paris, inaugure la série de commandes d’oeuvres au titre du 1% artistique en Ardèche. De facture classique, ses Deux garçons jouant au ballon, haut-relief fait de plaques de cuivre martelé assemblées, représentent de façon stylisée deux jeunes sportifs (ill. 8). Ce qui nous permet une digression sur les thèmes iconographiques le plus souvent retenus pour le décor des constructions scolaires, fréquemment imposés par les commanditaires ou futurs dépositaires de l’œuvre¹⁶.

Ceux-ci font rimer pédagogie, enseignement, savoir, pratiques sportives, enfance, nature et environnement, alignant rythmes scolaires et ordre des saisons. Ainsi de la stèle La Nature (1965) d’André Deluol pour le lycée Vincent d’Indy ou Le Feu (1966) d’Alice Colonieu  pour le lycée Marius-Bouvier de Tournon-sur-Rhône, qui évoque aussi les arts métallurgiques. Les grands bas-reliefs en céramique (1965) de Maurice Savin pour le lycée Vincent d’Indy et les mosaïques de Jean Saussac pour les lycées Marcel-Gimond (1968, ill. 9) et Astier (1979) d’Aubenas ont pour titre Les Saisons et celle d’ André Auclair pour le lycée Marcel-Gimond, Les Eléments (1964).

Quand il s’agit de représenter la figure humaine, les sujets sont le plus souvent genrés : aux garçons les sports collectifs et le savoir, tels les Deux garçons jouant au ballon de Métayer, le Jeune homme tenant l’univers dans ses mains de Simone Magnan (1964) au lycée Gabriel-Faure de Tournon-sur-Rhône, Le Savoir d’André Deluol (1967) au lycée Vincent d’Indy, aux filles le jeu, la sociabilité ou des activités plus calmes (lecture, musique) telle La Jeune fille de Deluol (1965, ill. 10), dans le même lycée, accompagnée d’un chien, symbole de fidélité. Cette constante de genre se retrouve dans de nombreux décors de lycées. D’un point de vue formel, les sculptures réalisées pendant cette période sont d’une facture très classique : les corps sont idéalisés et leur position souvent hiératique (les oeuvres de Deluol en constituent une sorte de paradigme), alors que les peintures et mosaïques offrent des compositions plus dynamiques et tendent à l’abstraction sans toutefois s’y engager pleinement. 

On assiste à la fin des années 1960 à l’entrée en scène de l’abstraction dans le paysage artistique lycéen, avec une nouvelle générations d’artistes, davantage inscrits dans les avant-gardes et mouvements modernes, tels Jean Cardot : ronde-bosse Sans titre (1972) pour le collège de la Ségalière à Largentière (construit au début des années 1970, le collège est rejoint sur le site par le lycée hôtelier de Largentière en 1983), Robert Fachard : sculpture Sans titre, grand signal-totem créé pour le lycée Marcel-Gimond d’Aubenas en 1967 (ill. 6), Aglaé Libéraki : Imbrication (1979), pour la cité technique Astier à Aubenas (ill. 7), ou Louis Val¹⁷ dont le Visage de la matière (1982) installé au lycée Léon Pavin de Chomérac (construit en 1981) garde quelques vestiges de figuration. C’est également pour le lycée Astier qu’est mise en place en 1979 la première installation paysagère réalisée par Jean Husser. L’ensemble des 17 peintures de Michel Van Hamme pour le lycée hôtelier de Largentière (ill. 11), Les Explosions ludiques (1986), s’inscrivent quant à elles dans le prolongement de l’abstraction lyrique.

Les 1% artistiques les plus récents interrogent le rapport de l’œuvre à son environnement, aux espaces intérieur ou extérieur dans lesquels elle s’inscrit, tels les dessins monumentaux et sérigraphies de Danièle Orcier et les installations de Mathilde Papapietro au lycée Xavier-Mallet du Teil (ill. 2, 3 et 4) ou celle de Maya Mattei¹⁸ à la cité scolaire des Deux-Vallées au Cheylard (ill. 12). Cette dernière, prenant en compte l’importance de l’élément liquide dans la configuration du lieu, tant du point de vue la géographie (la ville est située à la confluence de deux rivières, la Dorne et l’Eyrieux) que de l’économie (lien aux industries locales), s’en saisit pour matérialiser dans le bronze de ses Paroles d’eau (1998) la fluidité des flots et une constellation de mots qui la désignent ou l’évoquent. Cette prise en compte du « lieu d’accueil » de l’oeuvre n’était pas absente de celles réalisées dans les décennies 50 et 60, mais dans une approche qui apparaît aujourd’hui plus décorative que performative.

Les élèves au coeur de l’oeuvre

Ces oeuvres associent aussi davantage qu’auparavant le spectateur/usager du lycée au processus de création, voire en appellent à sa participation active dans ce dernier. Ainsi Louis Val associe-t-il les élèves de la section maçonnerie du lycée Léon Pavin de Chomérac à la mise en valeur de l’œuvre, leur faisant réaliser le socle et les gradins qui entouraient l’œuvre sous sa direction. De même les deux installations de Christophe Gonnet et Elodie Mas au lycée Boissy d’Anglas d’Annonay, Entre/Antre (2015, ill. 13), unique commande passée pour un lycée ardéchois depuis le début du 21e siècle, notamment en raison du ralentissement de l’activité constructive prennent en compte la dimension d’usage par les élèves dans leur projet. Entre, située à l’extérieur et dialoguant avec son environnement, est composée de groupes de tables, bancs et paravents en acier corten perforés, évoquant une salle de classe en plein air ; Antre, installée en intérieur, offre un lieu accueillant formé d’un étagement de gradins en forme de nuages. Ces installations paysagères et/ou poétiques visent à théâtraliser des lieux que les élèves sont invités à investir et s’approprier.

Comme dit plus haut, l’ambition du 1% artistique est de donner à tous, dans l’espace public, la possibilité d’accéder à l’œuvre d’art. L’attention à la réception et à l’appropriation de ces œuvres par les usagers, présente dès l’origine, semble cependant s’être progressivement affirmée comme un élément essentiel dans le choix des projets retenus et des démarches artistiques qui les sous-tendent. Les questions que portent les œuvres entrent peut-être davantage aujourd’hui en résonance avec les politiques d’éducation artistique dans les lieux d’enseignement, qui en appellent à l’expérience sensorielle, à l’expérience de soi et de l’autre et à la rencontre avec la diversité des modes d’expression. Elles invitent l’élève/spectateur à découvrir la matérialité de l’œuvre, son inscription dans l’espace, à éprouver son environnement par le chemin de l’art. Elles l’engagent à s’en saisir et en parler, créant ainsi du lien par le débat et la discussion.

C’est en partie dans cette perspective qu’ont été créées en 2014 les Journées du 1% artistique, concomitantes aux Journées européennes du patrimoine, qui proposent aux élèves, à leurs familles, et aux personnels du monde éducatif de (re)découvrir les œuvres créées dans le cadre du 1% artistique, trop souvent méconnues et peu valorisées. Sur la base du volontariat, les équipes éducatives des établissements scolaires construisent des projets de valorisation et médiation qui trouvent leur aboutissement lors de cette manifestation, concomitante aux Journées européennes du patrimoine. Car il s’agit bien là d’un patrimoine souvent méconnu voire négligé, qu’il importe de sortir de l’ombre et de faire vivre. Négligé car parfois la nature artistique de certaines oeuvres, inscrites dans une forme de porosité avec leur environnement, peut ne plus les rendre perceptibles en tant que telles, les vouant dès lors non seulement à une forme d’oubli, mais parfois à une complète disparition¹⁹. D’où l’impérative nécessité d’accompagner les œuvres réalisées, par le biais d’un cartel par exemple, d’indications sur l’auteur et le cas échéant sur ses intentions et d’encourager, par le biais de l’éducation culturelle et artistique, l’exercice du regard et l’expression du ressenti. 

Catherine Guégan, Conservatrice en chef du patrimoine, Inventaire général du patrimoine culturel, Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour citer cet article :

GUÉGAN Catherine.  <<Les oeuvres du 1% artistique dans les lycées d’Ardèche>>.  Les carnets de l’Inventaire : études sur le patrimoine – Région Auvergne-Rhône-Alpes [en ligne], 15 septembre 2023. URL : https://inventaire-rra.hypotheses.org/8579

Pour en savoir plus :

Dossier de synthèse : Ensemble des œuvres réalisées au titre du 1% artistique dans les lycées publics de la Région Auvergne-Rhône-Alpes – Inventaire Général du Patrimoine Culturel (auvergnerhonealpes.fr)

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Notes

1. L’article qui suit est la version longue d’un texte publié dans le catalogue de l’exposition des Archives départementales de l’Ardèche : Vies d’enfants. Naître et grandir en Ardèche, Privas, 16 sept. 2023 – 30 août 2024 [↩]
2. En 1959, la réforme Berthouin rend la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans. [↩]
3. Devenue Commission nationale des travaux de décoration des édifices publics en 1981. [↩]
4. VIALE, Marie-Laure. « Faire oeuvre à la croisée des politiques des arts et de l’architecture sur la tutelle de l’Education : les débuts du “1%” de décoration ». In cat. exp. Un art d’État ? Commandes publiques aux artistes plasticiens, 1945-1965. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine : éd. presses universitaires de Rennes et Archives nationales, 2017, p. 59. [↩]
5. FOURÉ, Céline, QUILLEVIC, Claude. « Le 1% artistique dans les lycées publics de la Région Centre-Val de Loire », dossier d’inventaire IM00000102, 2013. URL : <https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/dossier/le-1-artistique-dans-les-lycees-publics-de-la-region-centre-val-de-loire/667a2805-b2db-4cf7-afe7-4a87e8ea1ae5> [↩]
6. En Ardèche : André Auclair, Jean Saussac, Michel Van Hamme ; dans la Drôme : Danièle Orcier et Mathilde Papapietro ; dans la Loire : Christophe Gonnet ; en Isère : Simone Magnan et Louis Val ; dans le Vaucluse ; Alice Colonieu. [↩]
7. En Ardèche, la seule œuvre concernée est la sculpture Imbrication d’Aglaé Libéraki, sculptrice d’origine grecque, installée au lycée Astier d’Aubenas. [↩]
8. A la suite d’une commande du service de l’Inventaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes, une étude documentaire sur les 1% artistiques de ses lycées publics a été réalisée par la société Art2 Conseil (gérante E. Dandel) en 2018 et 2019, donnant lieu à des dossiers d’œuvres accessibles sur la plateforme de diffusion de l’Inventaire à l’adresse suivante : https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/ [↩]
9. AD Ardèche, W 11367. [↩]
10. AN 1980466/57. [↩]
11. Ibid. [↩]
12. AN 19880466/45. [↩]
13. Ibid. [↩]
14. AD Ardèche, 1349 W 51 [↩]
15. AN 20020101/71. [↩]
16. BETTINELLI Philippe. « La commande dans l’espace public de la libération à la 5^e République ». In cat. exp. Un art d’État ? Commandes publiques aux artistes plasticiens, 1945-1965. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine : éd. presses universitaires de Rennes et Archives nationales, 2017, p. 101. [↩]
17. Sculpteur né en 1930, ancien élève de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. [↩]
18. Sculptrice née en 1953, ancienne élève des Ecoles nationales supérieures des Beaux-arts et des Arts décoratifs de Paris. [↩]
19. C’est notamment le cas du 1% artistique réalisé par Maurice Parant pour le lycée Montgolfier d’Annonay (peinture monumentale, 1982), disparu lors de travaux de ravalement en 1990 et pour lequel on ne dispose d’aucun document iconographique. [↩]

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